Page:Daire - Physiocrates.djvu/144

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berté, il peut faire de mauvais choix ; par son intelligence, il peut parvenir aux meilleurs choix, et se conduire avec sagesse, autant que le lui permet l’ordre des lois physiques qui constituent l’univers[1].

Le bien physique et le mal physique, le bien moral et le mal moral ont donc évidemment leur origine dans les lois naturelles. Tout a son essence immuable, et les propriétés inséparables de son essence. D’autres lois auraient d’autres propriétés essentielles, vraisemblablement moins conformes à la perfection à laquelle l’auteur de la nature a porté son ouvrage : celles qu’Il a instituées sont justes et parfaites dans le plan général, lorsqu’elles sont conformes à l’ordre et aux fins qu’Il s’est proposées ; car Il est lui-même l’Auteur des lois et des règles, et par conséquent supérieur aux lois et aux règles. Mais leur destination est d’opérer le bien, et tout est soumis à celles qu’Il a instituées ; l’homme doué d’intelligence a la prérogative de pouvoir les contempler et les connaître pour en retirer le plus grand avantage possible, sans être réfractaire à ces lois et à ces règles souveraines.

D’où suit que chacun a le droit naturel de faire usage avec reconnaissance de toutes les facultés qui lui ont été départies par la nature dans les circonstances où elle l’a placé, sous la condition de ne nuire ni à soi-même ni aux autres ; condition sans laquelle personne ne serait assuré de conserver l’usage de ses facultés ou la jouissance de son droit naturel, et qui nous conduit au chapitre suivant.

  1. Il y a bien des espèces et bien des degrés de folle ; mais tout homme qui est fou par l’effet d’une mauvaise constitution de son cerveau, est entraîné par une loi physique qui ne lui permet pas de faire le meilleur choix, ou de se conduire avec sagesse.