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Page:Daire - Physiocrates.djvu/145

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CHAPITRE IV. — du droit naturel des hommes considérés relativement les uns aux autres.


Les hommes peuvent être considérés dans l’état de solitude et dans l’état de multitude.

Si l’on envisage les hommes comme dispersés de manière qu’ils ne puissent avoir entre eux aucune communication, on aperçoit qu’ils sont complètement dans l’état de pure nature et d’entière indépendance, sans aucun rapport de juste et d’injuste relativement les uns aux autres. Mais cet état ne peut subsister que le temps de la durée de la vie de chaque individu ; ou bien il faudrait supposer que ces hommes vivraient, au moins, chacun avec une femme, dans leur retraite, ce qui changerait entièrement l’hypothèse de leur état de solitude : car cette association d’une femme et des enfants qui surviendraient, admettrait un ordre de dépendance, de justice, de devoirs, de sûreté, de secours réciproques.

Tout homme est chargé de sa conservation sous peine de souffrance, et il souffre seul quand il manque à ce devoir envers lui-même, ce qui l’oblige à le remplir préalablement à tout autre. Mais tous ceux avec lesquels il est associé sont chargés envers eux-mêmes du même devoir sous les mêmes peines. Il est de l’ordre naturel que le plus fort soit le chef de la famille ; mais il n’est pas de l’ordre de la justice qu’il usurpe sur le droit naturel de ceux qui vivent en communauté d’intérêts avec lui. Il y a alors un ordre de compensation dans la jouissance du droit naturel de