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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/186

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qu’ils promènent avec ahurissement sur le mobilier, se posent sur moi, j’ai peur.

Mais le sous-officier se tourne vers eux et leur parle en allemand. Ils prennent leurs sacs et leurs fusils qu’ils avaient déposés en entrant et ils suivent mon père, qui les guide vers une grande pièce inoccupée où l’on va leur dresser des lits.

― Non. De la paille. De la paille, c’est bon pour le soldat, déclare le sous-officier.

Mon père insiste. Il veut faire bien les choses ; il tient à donner des lits. Quant au sous-officier, on le logera dans la chambre d’amis, où il sera très bien.

― Tenez, par ici, tout au fond du couloir.

Dans le corridor, nous rencontrons Catherine qui descend de sa chambre ; elle jette au Prussien un regard terrible que celui-ci ne surprend pas, heureusement, mais mon père devient blanc comme un linge.

― Jean, me dit-il tout bas, quand nous aurons installé l’Allemand dans sa chambre, tu vas aller à la cuisine, tu prendras tous les couteaux pointus et tu les donneras à ta sœur pour qu’elle les enferme à clef dans le placard