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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/233

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― Un ballon ! s’écrie Mme Arnal. Il est arrivé à Versailles ? Il est ?…

M. Hoffner, très digne, l’interrompt.

― Madame, je vous en prie, ne m’interrogez pas. J’ai juré de garder le secret. La moindre indiscrétion…

― Oh ! alors, taisons-nous, fait ma sœur en roulant les yeux.

Le Luxembourgeois lit la dépêche. Elle est courte, mais expressive :

« Grande sortie de nuit a eu lieu. Maréchal Bazaine avait fait entortiller les pieds des chevaux dans linge et flanelle et rouler paille autour des roues des pièces et caissons. Prussiens complètement surpris dans leur sommeil et mis complètement en déroute. En avons fait un carnage affreux. Pris cent cinquante canons, dix drapeaux. Allemands sont dans situation la plus critique, toutes leurs communications coupées. Le maréchal, laissant seulement à Metz le nombre d’hommes nécessaires à la garde des remparts, va les poursuivre l’épée dans les reins. Avons vivres et munitions, mais manquons linge, bandes et charpie. Vive la France ! »

― Enfin ! s’écrie ma sœur ! enfin !…