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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/26

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nadiers ; pour les chasseurs à pied, le verre va un peu plus vite : du pas gymnastique. Quand nous arrivons aux escarmouches, aux combats précurseurs des grandes rencontres, le verre prend une allure fantaisiste, il court avec les bersagliers, rampe avec les highlanders et bondit avec les zouaves. Pour les batailles, c’est terrible. C’est à peine si, dans le va-et-vient rapide des personnages qui s’égorgent sur le drap blanc, on arrive à distinguer les formes humaines, à voir autre chose qu’une effrayante mêlée, une masse informe et bariolée éclaboussée de boue rouge. Comme ça donne l’idée d’une bataille ! j’en tremble. Et je n’ai même pas la force de hurler comme les autres spectateurs qui, dans l’ombre, poussent des cris de cannibales, des hurlements d’anthropophages.

Heureusement, pour me calmer, des tableaux moins chargés apparaissent. Trois ou quatre personnages tout au plus : des turcos hideusement noirs et des zouaves effrayants, aux longues moustaches en croc, embrochant des Russes qui joignent les mains et des Autrichiens tombés à terre.

― Pas de pitié pour les Autrichemards !