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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/260

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J’essaye de me dégager. Je ne veux pas rester là. Elle est folle !

― Ne t’en va pas, mon petit Jean. Je t’en prie… Assieds-toi là, tiens, près de moi, tout près…

La voix est lugubre et douce ; une voix de mourant.

― Prends une chaise… Mets-toi près du feu… Je suis si heureuse de te voir…

Et, brusquement, d’un ton rauque :

― Ton père est-il venu avec toi ?

― Non, ma tante. Il est très occupé pour le moment. Il a dit qu’un de ces jours… sans faute… il viendrait vous voir. Louise aussi.

La vieille femme porte la main à son cœur :

― Ah !… Eh bien ! tant mieux… oui, tant mieux… un de ces jours !… pourvu que je n’y sois plus…

Elle éclate en sanglots. Et, tout d’un coup, tendant vers moi ses bras décharnés :

― Jean ! pardon, pardon ! pardonne-moi ! Dis-moi que tu me pardonnes… que tu m’aimeras tout de même… que tu ne me le reprocheras jamais… quand je serai morte… que… Ah ! mon Dieu ! mon Dieu !…

Je me suis jeté à ses genoux.