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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/261

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— Ne pleurez pas, ma tante, je vous en supplie…

― Si, si ! il faut que je pleure… c’est honteux… c’est misérable… Ah ! qu’on est lâche quand on est vieux… Laisse-moi pleurer… ma vie ne valait pas la peine…

― Ma tante, je vous en prie…

Je cherche des mots ; je n’en trouve pas. Il faut que j’appelle quelqu’un.

― Justine !

Mais ma tante bondit dans son fauteuil et me saisit par le bras.

― N’appelle pas ?… Je te défends !… Cette fille ne m’obéit plus… Elle obéit à lui. Il la paye… J’en suis sûr…

Je la regarde, stupéfait. Elle n’a point lâché mon bras ; elle m’attire à elle.

― Jean, tu es grand, tu es raisonnable, tu es presque un homme. Eh ! bien, écoute. Je vais te parler comme je parlerais à ton père, s’il était ici. Je vais tout te dire. Écoute-moi bien. Et, plus tard, quand je serai morte, quand on dira que je n’étais qu’une vieille gueuse, tu pourras…

Elle recommence à pleurer et, à travers ses sanglots, me raconte des choses affreuses.