Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/293

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paysan, au moins, ne cache pas sa haine de la guerre. Il ne se met pas de masque sur la figure ; il vous donnerait tous les drapeaux du monde pour un quarteron de pommes… Mais le bourgeois ! ce mouton affublé d’une peau de tigre ! cet imbécile qu’un plumet rend enragé et qu’une épaulette fait rêver de batailles… et qui ne comprend même pas, l’abruti, pourquoi les meneurs de nations tiennent à faire, de temps en temps, un charnier de leurs peuples…

La guerre ! l’ignoble guerre !… Oh ! quand donc les peuples seront-ils las de s’entre-tuer ? Quand refuseront-ils l’impôt du sang ?… Refuser l’impôt du sang ! Ah ! bien, oui ! Chauvin n’est pas mort… Attends un peu, mon garçon, attends un peu, et tu verras de drôles de choses, plus tard…

Tout le monde soldat… Tu verras ça… Plus de peuples : des armées. Plus d’humanité : du patriotisme. Plus de progrès : des drapeaux. Plus de liberté, d’égalité, de fraternité : des coups de fusil… Ah ! saleté humaine ! Ah ! bêtise ! Ah ! cochonnerie !.....


Le père Merlin s’arrête devant moi.