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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/325

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entouré leurs képis d’un manchon blanc, les prisonniers sortis des forteresses de la Prusse et qui arrivent par grandes masses, sont campés sur les avenues, sur les places, au camp de Satory. Les opérations sont commencées, déjà. Thiers n’a pas voulu perdre de temps. Et les jeunes élégants, les fonctionnaires, les cocottes et les femmes du monde qui paradent dans les rues en toilettes de deuil, peuvent aller, le soir, en sortant du théâtre où des acteurs illustres jouent des vaudevilles célèbres, entendre les canons français cracher leurs obus sur la grande ville où flotte le drapeau rouge.

Les émigrés se sont casés où ils ont pu, dans les hôtels et dans les maisons, dans les greniers et dans les caves. Nous en logeons deux, chez nous : M. de Folbert ― un fonctionnaire, un chef de bureau au ministère des finances ― et sa mère.

M. de Folbert est tout petit ; haut comme Tom Pouce à genoux. Il a une mine de pain d’épice et des attitudes de pantin. Quand il fait un geste, on dirait qu’un imprésario, caché derrière lui, vient de tirer une ficelle. J’y ai été pris, dans les premiers temps. Mais il n’y a rien, derrière M. de Folbert, ― rien que