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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/326

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les deux boutons d’une redingote sanglée sur sa poitrine de bambin et qui cache ses genoux cagneux. ― Il doit y avoir aussi un fond de culotte lustré par l’abus des ronds de cuir, mais la redingote le voile. Je ne l’ai pas vu.

M. de Folbert est très solennel. Lorsqu’il parle, il se tient raide comme un manche à balai ; son cou s’allonge, ses yeux tournent, ses petites épaules remontent. Elles sont si étroites que j’ai toujours peur d’en voir passer un morceau par l’échancrure du faux-col. En politique, il est modéré comme une lampe carcel remontée par une main circonspecte. Il s’exprime en phrases officielles :

― La hiérarchie… les préopinants… les statuts organiques… la prépondérance administrative de l’État…

Il est très poli. Il dit :

― Voudriez-vous être assez aimable pour avoir l’extrême obligeance de me faire parvenir la salière ?

Il me fait suer.

Sa mère est une vieille personne solennelle, à figure longue, pâle, pâle ― couleur de riz au lait. ― Elle a des anglaises.