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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/52

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salade et un vieux marchand d’oignons qui guette les clients à quatre pattes. Il est obligé de se tenir à quatre pattes parce que, à chaque instant, un oignon se détache du tas et roule sur le bitume ; le vieux n’a qu’à étendre la main pour le ratteindre. C’est un malin, ce vieux-là.

Bon ! un oignon qui roule. Le marchand se précipite pour le rattraper ; mais un officier qui passe, botté et éperonné, vient de mettre le pied dessus. Il glisse et tombe sur le genou.

Le vieux retire sa casquette.

― Pardon, excuse, mon officier.

L’officier se relève, saisit sa cravache par le petit bout et, à toute volée, envoie un coup de pommeau sur le crâne dénudé du vieux qui tombe à la renverse. Du sang jaillit sur les oignons.

― V’là l’régiment ! crie Léon.

La musique éclate au bout de la rue. Nous nous précipitons.

― As-tu vu ce pauvre vieux ?

― C’est bien fait. Il n’avait qu’à faire attention à ses oignons. Si l’officier s’était cassé la jambe, hein ?

Je ne réponds pas. Je suis trop occupé à