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Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/183

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efforts et votre application. Quant à moi, j’ai fait bien du chemin ; peut-être en arrière, si nous allons au fond des choses ; mais socialement, c’est-à-dire superficiellement, j’ai monté. J’étais une manière de valet ; je suis à présent secrétaire particulier de M. Raubvogel ; son bras droit, comme il dit : ce qui ne laisse pas d’être honorable, étant donné ce que doit faire la main gauche. Enfin, me voilà dans les huiles. Passez-moi cet argot militaire.

— De bon cœur. Auriez-vous des fréquentations dans les casernes ?

— Pas directement. Mes tendances n’ont rien de belliqueux.

— Je sais. Vous m’avez exposé autrefois vos sentiments à ce sujet ; et s’ils n’ont point changé…

— Ils sont inaltérables ; de même que ma conception de la société et des gens vertueux qui la composent.

— Je me souviens de cette conception. Je m’en suis souvenu souvent, et j’ai le regret de dire que je l’ai généralement trouvée correcte.

— Votre mémoire est excellente, dit Schurke en souriant ; vous n’avez sans doute pas oublié que ce ne fut pas gratuitement que je vous fis mes confidences… Voyons, rappelez-vous, je vous mis à contribution d’une pièce de cinq francs.

— En effet. Ce n’était pas cher. Mais à ce moment j’étais bien jeune…

— Et aujourd’hui, je commence à me faire vieux ; aussi, j’augmente mes prix ; pourtant ils restent abordables. Par exemple, si je vous proposais de vous faire profiter de mon expérience, de vous montrer sans voiles, au fur et à mesure de vos besoins, le monde dans lequel vous faites présentement vos débuts, ne consentiriez-vous pas à diminuer de 500 francs, à mon bénéfice, les 100.000 francs dont vous allez hériter ces jours-ci ?

— Je serai enchanté de vous être utile. Pouvez-vous,