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Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/238

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je place sous mon bras ; je sors de la maison ; je sors du jardin dont je ferme soigneusement la porte. Trois minutes après, je hèle un fiacre ; et une demi-heure plus tard j’entre dans le cabinet de mon père, au ministère.

— Eh ! bien, me demande-t-il, c’est fait ?

— Oui.

— Ça s’est bien passé ?

Je fais un geste vague. Mon père se lève.

— Je vais prévenir le ministre, et la veuve. À propos, qu’est-ce que tu as apporté là ? Qu’est-ce que c’est que ce colis ?

Je donne des explications.

— Comment ! s’écrie mon père en coupant la ficelle qui lie le paquet et en ouvrant deux ou trois albums ; comment ! tu as brûlé des papiers pareils ! Mais c’est de la folie !… Enfin, heureusement que tu as conservé ça. C’est d’un curieux !… Je vais en montrer quelques échantillons au ministre ; ça l’amusera. Et puis, ça vaut un billet de mille comme un sou, rue Colbert.



Je suis de retour à Angenis depuis quelques mois ; quelques mois qui m’ont paru bien longs. Sans les femmes, à Angenis, on ne saurait que devenir ; et les femmes sont difficiles à découvrir à moins qu’on ne puisse employer, comme moi, beaucoup de temps, de ressources et un bon rabatteur. J’avoue simplement ce que je fais sans chercher à le justifier ; mettre une chose en pratique n’est point la canoniser. Mon rabatteur s’appelle Lamesson. C’est un sous-officier réengagé qui, sans être précisément procureur général, rend plutôt des services que des arrêts. Il n’a jamais connu les arrêts qu’au féminin. Il a fait autrefois le gros dos, au soleil parisien, sous le nom