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Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/239

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de Coco des Ternes. Au régiment, ses aptitudes spéciales furent appréciées ; elles lui valurent rapidement l’adjonction d’une paire de sardines (complétées aujourd’hui d’un ver solitaire) ; elles furent largement utilisées par le cadre supérieur. Je ne suis pas le premier à emboîter le pas à Lamesson ainsi que l’hyène, dit-on, suit le chacal.

Lamesson, malheureusement, va quitter le régiment. Ses quinze années de service touchent à leur fin et il est sur le point d’être libéré. Lamesson désire obtenir le plus rapidement possible un de ces emplois civils auxquels il a droit ; il désire choisir l’emploi. Il pense qu’une recommandation du général Maubart lui serait fort utile ; il vient me prier d’écrire, à ce sujet, à mon père. Lamesson ne veut pas être garde forestier (c’est trop retiré) ; ni facteur (c’est trop fatigant) ; ni gardien de poudrière (c’est trop dangereux) ; ni gardien de musée (c’est trop monotone) ; ni fonctionnaire colonial (le voyage par eau lui fait peur). Il voudrait être porteur de contraintes ou employé de l’Assistance publique (il y a de bons pourboires). J’écris la lettre ; Lamesson, qui part pour Paris, l’emporte.

Je l’avoue, moi qui ne regrette ni grand’chose ni grand monde, je regrette de plus en plus le départ de Lamesson. Depuis qu’il a quitté Angenis, j’ai plusieurs fois tenté d’opérer moi-même, mais toujours sans succès ; j’ai même essuyé quelques-unes de ces rebuffades qui ne sont pas seulement désagréables, mais qui peuvent devenir compromettantes. Alors ?… Alors il faut attendre, je suppose, que les femmes se présentent toutes seules et qu’on les trouve près de soi, à son réveil, ainsi qu’au temps heureux du Paradis terrestre.

Et en fait, c’est justement à mon réveil, ou très peu après, un beau dimanche matin de fin d’automne, qu’une dame vient tirer ma sonnette. Une dame de noir vêtue,