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Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/80

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— La guerre est déclarée ! s’écrie-t-il, en franchissant la grille.

Il nous annonce qu’il part le soir même à neuf heures. M. Freeman, M. Curmont et plusieurs autres viennent lui faire leurs adieux. Des télégrammes arrivent. Un de Delanoix, un de Raubvogel : Bonne chance et Heureux retour.

— C’est une affaire de deux ou trois mois, tout au plus, dit mon père. L’Allemagne du Sud ne marchera pas ; ou fera défection, suivant son habitude, après la première bataille perdue. Quant à l’armée prussienne, elle n’existe pas ; je suis de l’avis du maréchal Le Bœuf, qui la nie. Les Prussiens font les malins, mais nous soufflerons dessus.

— Ah ! s’écrie M. Freeman, il n’y a pas un Français qui souhaite plus que moi le triomphe de la France.

Et, très ému, il donne l’accolade à mon père.

Jean-Baptiste, aidé de Lycopode, a préparé les cantines.

— Rien n’est oublié, mon commandant, vient dire Jean-Baptiste ; les cartes d’Allemagne sont sous les gilets de flanelle.

— C’est moi qui les ai mises là, dit Lycopode. C’est plus facile à trouver.

Lycopode, bien qu’elle cherche à le dissimuler, est troublée du départ de Jean-Baptiste.

Quant à Jean-Baptiste, qui accompagne mon père à son nouveau régiment actuellement à Châlons, et qui fait partie du Corps d’armée commandé par le maréchal Canrobert, il paraît enchanté d’aller à la guerre.

— Les Prussiens, dit-il, nous allons leur montrer ce que c’est que des hommes à poil.

Le dîner est triste. Mon père se contraint pour être gai. Avant le dessert, je vais dire adieu à Jean-Baptiste qui part en avance à la gare, avec les bagages. Notre sépara-