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Page:Darwin (trad. Barbier) — Les plantes insectivores, 1877.pdf/332

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DROSERA ROTUNDIFOLIA.

véritable et que les glandes absorbent les matières digérées. Ce sont là, peut-être, les observations les plus intéressantes que j’aie faites sur le Drosera, car on ne connaissait pas encore dans le règne végétal une aptitude de ce genre. Il est aussi un fait intéressant, c’est que les glandes du disque, quand elles sont excitées, transmettent une impulsion aux glandes des tentacules extérieurs, impulsion qui provoque chez ces dernières des sécrétions plus abondantes et acides, comme si elles avaient été excitées directement par un objet placé sur elles. Le suc gastrique des animaux contient, comme on sait, un acide et un ferment qui sont tous deux indispensables à la digestion ; il en est de même de la sécrétion du Drosera. Quand on excite mécaniquement l’estomac d’un animal il sécrète un acide ; quand on place des parcelles de verre ou d’autres objets semblables sur les glandes du Drosera, la sécrétion de la glande directement excitée et celle des glandes environnantes devient plus abondante et devient en même temps acide. Mais, selon Schiff l’estomac d’un animal ne sécrète le ferment convenable, la pepsine, qu’autant qu’il a absorbé certaines substances qu’il appelle peptogènes ; or, il semble résulter de mes expériences que les glandes du Drosera doivent absorber certaines substances avant de sécréter le ferment convenable. Il a été démontré, par l’addition de petites doses d’un alcali qui arrêtent entièrement le phénomène de la digestion, que la sécrétion contient un ferment qui n’agit sur les substances animales solides qu’autant qu’il se trouve en présence d’un acide ; en effet, la digestion recommence dès qu’on neutralise l’alcali au moyen d’un peu d’acide chlorhydrique étendu d’eau. De nombreuses expériences, faites avec une grande quantité de substances, ont démontré que la sécrétion du Drosera agit exactement comme le suc gastrique sur les substances qu’elle dissout complétement, qu’elle attaque partiellement ou qu’elle laisse intactes. Nous pouvons donc con-