Aller au contenu

Page:Daudet – Les Rois en exil – Éditons Lemerre.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sible pour d’aussi grands noms ne pénétrèrent pas l’épiderme épais d’Herbert. Mais la reine eut quelque soupçon de l’aventure, car elle qui, depuis une terrible explication qu’ils avaient eue à Leybach, ne faisait jamais de reproches au roi sur sa conduite, le prit à part à quelque temps de là, un jour, comme ils sortaient de table.

— On parle beaucoup, dit-elle gravement, sans le regarder, d’une histoire scandaleuse où se trouve mêlé votre nom… Oh ! ne vous défendez pas. Je ne veux rien entendre de plus… seulement, songez à ceci dont vous avez la garde. (Elle lui montrait la couronne aux rayonnements voilés dans sa boîte de cristal !) Tâchez que la honte ni le ridicule ne l’atteignent… Il faut que votre fils puisse la porter.

Connaissait-elle à fond l’aventure, mettait-elle le vrai nom sur cette figure de femme dévoilée à demi par la médisance ? Frédérique était si forte, si bien en possession d’elle-même, que personne dans son milieu n’eût su le dire. Mais Christian se tint pour averti, et sa peur des scènes, des histoires, la nécessité pour cette nature faible de trouver autour de soi des sourires répondant au perpétuel sourire de son insouciance, le déterminèrent à tirer de la cage aux ouistitis le plus joli, le plus câlin de tous, pour l’offrir à la princesse Co-