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Page:Daudet – Les Rois en exil – Éditons Lemerre.djvu/203

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LES ROIS EN EXIL

la boîte de cristal de roche l’antique relique oubliée, qu’elle posa sur le tapis de la table, comme une poignée de joyaux de tous rayons. Élisée tressaillit… La couronne !…

— Oui, la couronne… Voilà six cents ans qu’elle est dans la maison d’Illyrie… Des rois sont morts, des flots de sang gentilhomme ont coulé pour la défendre… À présent, il faut qu’elle nous aide à vivre. Il ne nous reste plus que cela…

C’était, en vieil or fin, un magnifique diadème fermé dont les cercles, rehaussés d’ornements, venaient se rejoindre au-dessus de la calotte en velours incarnat. Sur les cercles, sur le bandeau de filigrane torsadé, au cœur de chaque fleuron imitant les fibres de la feuille du trèfle, à la pointe des arcades festonnées à jour et supportant ces fleurons, s’enchâssaient toutes les variétés de pierres connues, le bleu transparent des saphirs, le bleu velouté des turquoises, l’aurore des topazes, la flamme des rubis orientaux, et les émeraudes comme des gouttes d’eau sur des feuilles, et l’opale cabalistique, et les perles d’iris laiteux ; mais, les surpassant tous, les diamants partout jetés résumaient dans leurs facettes ces mille feux nuancés, et comme une poussière lumineuse dispersée, un nuage traversé de soleil, fondaient, adoucissaient l’éclat du diadème déjà poncé par les siècles avec des rayonnements