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Page:Daudet - Jack, II.djvu/215

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Dieu, quel jambon !… Jamais je n’ai rien mangé de pareil. »

Sans flatterie, les pommes de terre étaient excellentes aussi, et Jack leur rendit justice. Bélisaire, ravi de voir l’appétit de son hôte, lui tenait tête vaillamment, tout en remplissant ses devoirs de maître de maison, se levant à chaque instant pour surveiller l’eau bouillant sur les cendres, ou pour moudre le café entre ses genoux cagneux.

— Dites donc, Bélisaire, fit Jack, savez-vous que vous êtes monté de tout ? C’est un vrai ménage que vous avez.

— Oh ! il y a beaucoup de choses là-dedans qui ne sont pas à moi… C’est madame Weber qui me les prête, en attendant…

— En attendant quoi, Bélisaire ?

— En attendant que nous soyons mariés, dit le camelot bravement, mais avec deux plaques de rouge sur les joues. Puis, voyant que Jack ne se moquait pas de lui, il continua : « Ce mariage est une affaire convenue entre nous depuis un bout de temps ; et c’est un grand bonheur, bien inespéré pour moi, que madame Weber ait consenti à se remarier. Elle avait été si malheureuse avec son premier, un brigand qui buvait, qui la battait quand il avait bu… Si ce n’est pas un péché de lever la main sur une si belle femme !… Vous la verrez tout à l’heure quand elle rentrera… Et si courageuse et si bonne !… Ah ! je vous réponds que