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Page:Daudet - Jack, II.djvu/216

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je ne la battrai pas, moi, et que si elle veut me battre, je la laisserai bien faire.

— Et quand comptez-vous vous établir ? demanda Jack.

— Ah ! voilà ! je voudrais bien que ce fût tout de suite. Mais madame Weber, qui est la raison même, trouve qu’au prix où sont les denrées, nous ne sommes pas assez riches pour nous mettre tout seuls en ménage, et elle voudrait que nous ayons un camarade.

— Un camarade ?

— Dam ! oui… On fait souvent cela dans le faubourg, quand on est pauvre. On cherche un camarade, garçon ou veuf, qui partage le fricot, la dépense. On le loge, on le nourrit, on le blanchit, tout cela à frais communs. Vous pensez quelle économie pour tout le monde ! Quand il y a pour deux, il y en a pour trois… Le difficile, c’est de trouver un bon camarade, quelqu’un de sérieux, d’actif, qui ne mette pas le désordre dans la maison.

— Eh bien, et moi, Bélisaire ? me trouveriez-vous assez sérieux ? Est-ce que je ne ferais pas votre affaire ?

— Vraiment, Jack, vous consentiriez ? Il y a une heure que j’y pense, mais je n’osais pas vous en parler.

— Et pourquoi ?

— Dam ? écoutez donc… C’est si misérable chez nous… Nous allons faire un si petit ménage… peut-être que notre ordinaire sera bien simple pour un mé-