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Page:Daudet - Jack, II.djvu/217

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canicien qui va gagner des six et des sept francs par jour.

— Non, non, Bélisaire. L’ordinaire ne sera jamais trop simple pour moi. Il faut que je fasse de grandes économies, que je sois bien raisonnable, car je songe aussi à me marier.

— Vraiment ?… mais alors vous ne pouvez pas faire l’affaire… dit le camelot consterné.

Jack se mit à rire et lui expliqua que son mariage à lui ne pourrait avoir lieu que dans quatre ans, et encore à la condition qu’il travaillerait bien jusque-là.

— Alors, c’est dit. C’est vous qui serez le camarade, et un solide, et un vrai… Quelle chance tout de même de s’être rencontrés !… Quand je pense que si je n’avais pas eu l’idée d’acheter de la chaussure au petit… Chut !… Attention… Voilà madame Weber qui rentre. Nous allons rire.

Un terrible pas d’homme, vigoureux et pressé, ébranlait l’escalier et la rampe. L’enfant l’entendit sans doute, car il poussa un beuglement de jeune veau, en tapant ses couvercles de casseroles sur la table.

— Voilà, voilà, m’ami… Pleure pas mon mignon, criait la porteuse de pain consolant son enfant du fond du couloir.

— Écoutez… dit tout bas Bélisaire. On entendit une porte s’ouvrir, puis une exclamation suivie d’un éclat de rire jeune et sonore. La figure de Bélisaire,