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Page:Daudet - Jack, II.djvu/351

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— Ce n’est pas moi, monsieur, c’est mon garçon.

— Eh bien ! qu’est-ce qu’il a, votre garçon ?… Allons, dépêchons-nous.

— Il est sourd, monsieur… Ça lui a pris, je vas vous dire…

— Ah ! il est sourd ?… Et de quelle oreille ?

— Des deux principalement, monsieur ?

— Comment cela, principalement ?

— Oui, monsieur… Voyons, Édouard, lève-toi quand on te parle… De quelle oreille es-tu sourd ?… dit-elle au moutard, en le secouant pour le faire se lever.

Mais celui-ci garde un mutisme idiot.

— De quelle oreille es-tu sourd ?… répète la mère en criant.

Et devant l’ahurissement du pauvre infirme :

— Vous voyez, monsieur, c’est comme je vous le dis… des deux principalement.

Plus loin, le médecin s’adresse au gros homme grêlé voisin de Jack :

— Où souffrez-vous ?

— C’est la poitrine, monsieur… J’ai tout ça qui me brûle.

— Ah ! la poitrine vous brûle… Est-ce que vous ne boiriez pas un peu d’eau-de-vie, quelquefois ?

— Oh ! jamais, monsieur… dit l’autre, indigné.

— Ah ! très bien, vous ne buvez pas d’eau-de-vie. Et du vin, en buvez-vous ?