Page:Daudet - La doulou (la douleur) 1887 - 1895 ; Le trésor d’Arlatan (1897), 1930.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Quelquefois, sous le pied, une coupure, fine. fine — un cheveu. Ou bien des coups de canif sous l’ongle de l’orteil. Le supplice des brodequins de bois aux chevilles. Des dents de rats très aiguës grignotant les doigts de pied.

Et dans tous ces maux, toujours l’impression de fusée qui monte, monte, pour éclater dans la tête en bouquet : « Processus », dit Charcot.

Douleurs intolérables au talon se calmant en changeant la jambe de place. Des heures, des moitiés de nuit passées mon talon dans la main.

Trois mois plus tard.

Je reprends mes douches. Douleur nouvelle et bizarre pendant qu’on me sèche et frictionne les jambes. C’est dans les tendons du cou — côté droit pour frictions à la jambe gauche et côté gauche pour la jambe droite. Une torture énervante, à crier.

La seringue chargée : antichambre du dentiste.

Sensation de la jambe qui échappe, glisse sans vie. Quelquefois aussi un jeté involontaire.