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Page:Daudet - La doulou (la douleur) 1887 - 1895 ; Le trésor d’Arlatan (1897), 1930.djvu/59

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sur ses pilons pour écouter aux portes, saignant, lâche, furibond, en larmes.

La sensation mythologique, l’insensibilisation et le durcissement du torse étreint dans une gaine de bois ou de pierre, et le malade, à mesure que la paralysie monte, se changeant peu à peu en arbre, en rocher, comme une nymphe des métamorphoses.

La lutte, ce qu’il y a de plus affreux.

Au moins, le jour où il n’y a plus moyen de bouger…

Effet de morphine.

Réveil dans la nuit, avec le seul sentiment d’être. Mais l’endroit, l’heure, l’identité d’un moi quelconque, absolument perdus.

Aucune notion.

Sensation de cécité morale extraordinaire.

Indirection des mouvements dans la nuit.

Première partie : enfermé.

Désiré la prison pour crier : m’y voilà.

Immobile !

Et ensuite ?…

C’est cette aggravation de peine qui fait le terrible.

I me nomme son exécuteur testamentaire par une affectueuse attention, pour me faire croire que je vivrai plus longtemps que lu.