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Page:Daudet - La doulou (la douleur) 1887 - 1895 ; Le trésor d’Arlatan (1897), 1930.djvu/77

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l’eau, un thermomètre fantastique que connaît le baigneur. Causeries des piscines voisines, gens qui se reconnaissent, nouvelles des gens de l’an passé, etc.

J’y ai entendu parler de moi, parfois méchamment, d’autres fois avec sympathie. J’entends aussi les garçons, bruyants paysans cévenols, parlant patois, honnêtes, intelligents, robustes, prudents, matois. L’un d’eux depuis quarante ans dans l’établissement.

Le pas des ataxiques, cannes, béquilles, quelquefois le bruit d’une chute, Dialogue des garçons (en patois) : « Qu’est-ce que c’est ? — Ce n’est rien… Le vieux qui s’est encore foutu par terre ».

Drame de piscine, rapide, mystérieux. Une voix épouvantée appelant le baigneur : « Chéron !… vite !… » (Crescendo de terreur) « vite !… vite !… ». Tous — voix effarées de peur : « Colard, Chéron ! vite !… vite !… ».

Chez les dames. Bonne vieille sœur. « Pas baignée depuis cinquante ans », dit-elle en entrant.

Russes nus dans les piscines, hommes et femmes. Pas de maladies à cacher ! Effarement des Méridionaux.

Ce vieux priape, inondé de laudanum. D’autres, leur virilité perdue.

Rencontré cette année beaucoup de diplopies, de maux d’yeux.