Page:Daudet - La doulou (la douleur) 1887 - 1895 ; Le trésor d’Arlatan (1897), 1930.djvu/76

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Les sosies.

La rue, les voitures au galop.

Lamalou l’hiver.

« Au pays de la douleur ».

Des médecins font bâtir à Lamalou. Ils ont la foi ! — et des chapeaux noirs !

Ah ! que je le comprends le mot du Russe qui aime mieux souffrir et me disait hier : « La douleur m’empêche de penser. »

Voyage à tâtons d’un des aveugles de Lamalou venu du fond du Japon. Bruits de la mer, des villes, des paquebots…

Piscine de famille, d’aspect sinistre. C’est celle où je me baigne le plus volontiers, seul presque toujours. On y descend par quelques marches. Un carré de quatre ou cinq mètres ; un cachot de l’Inquisition. Murs crépis, lumière venant d’en haut, par un grand vitrage à tabatière. Un banc de pierre tout autour de la piscine, caché par l’opacité de l’eau jaunâtre.

Seul là-dedans avec mon Montaigne, toujours avec moi ; fer, soufre, les eaux de toutes les stations y ont marqué leur trace, déposé leur alluvion. Un grand rideau ferme l’entrée, me cache aux baigneuses qui passent ou qu’on essuie devant le feu. Toujours des gens qui bavardent, souvent des gens du Midi qui se racontent leurs affaires.

Même expansivité des gens que partout. Chronique locale des hôtels, chacun ayant la fatuité du sien. Disputes sur la température de