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Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/258

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chaise longue, tressaillait à chaque éclat de voix, et ses émotions se marquaient d’une touche fine, d’une vaporeuse montée de rosé sur son teint délicat d’aquarelle.

Quand le mari, le commodore, sorte de Hudson Lowe à museau de fouine méchante, venait la chercher pour la faire rentrer, elle suppliait : « Non, non…, pas encore, » coulant un regard vers le grand homme de Tarascon, qui n’était pas sans l’avoir remarquée non plus et, pour elle, haussait la voix avec quelque chose de plus noble dans l’attitude et dans l’accent.

Quelquefois, en regagnant leur cabine après une de ces séances, il interrogeait Pascalon d’un air négligent :

« Que vous a dit la dame du commodore ? Il me semble qu’il était question de moi, hé ?…

— Effectivement, maî…ître. Cette personne me disait qu’elle avait déjà beaucoup entendu parler de vous.

— Cela ne m’étonne pas, fit Tartarin simplement, je suis très populaire en Angleterre. »

Encore une analogie avec Napoléon.


Un matin, monté sur le pont de bonne