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Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/214

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du bon Sénéchal, Jean de Lauson, et de sept de ses compagnons, alors qu’il volait, avec eux, au secours de son beau-frère Couillard de l’Espinay, qu’il croyait, à tort, pris par les Iroquois dans sa maison à l’île d’Orléans…

— Les pauvres malheureux, souffla tout bas Perrine.

— La nouvelle de cette fin tragique, rapportée par celui-là même qui en était la cause inconsciente, et qui avait été le premier à entendre au loin le bruit des terribles décharges, et à accourir sur les lieux, consterna tous les Québécois et fut même regardée comme une calamité publique. Québec ne voit pas si souvent que Montréal de ces horribles massacres.

— Quand ce funeste combat a-t-il eu lieu ?

— Le 22 juin il y a cinq jours à peine. Avec sa bravoure ordinaire, tu te la rappelles comme moi, Perrine, le Sénéchal a défendu chèrement sa vie. « On le trouva, m’a-t-on appris, les bras tout meurtris et tout hachés des coups qu’on lui avait donnés »[1]. Mais que pouvait-il, lui et ses sept compagnons contre quatre-vingts Iroquois, solidement retranchés derrière un roc énorme.

— Mais… André ?… Il n’en était pas ?

— Non, alors son cas, héroïque lui aussi mais isolé, fit qu’on l’oubliât, avec sa détresse… gué-

  1. Historique. Voir la Relation de 1661.