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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/10

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avant-propos
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nous défendre des hommes d’état, des orateurs puissants qui avaient prouvé à nos ennemis qu’il serait aussi difficile de nous vaincre dans l’arène parlementaire que sur les champs de bataille. Après Bédard et Papineau père, nous avions eu Papineau fils, le tribun dont la voix puissante fut pendant trente ans la gloire et le bouclier de notre nationalité.

Un jour vint où l’Angleterre, effrayée de l’attitude de la Chambre d’assemblée, que soutenait la population, parut vouloir lui accorder ce qu’elle demandait ; mais il était trop tard. La jeunesse, dont le sang bouillonnait depuis longtemps dans les veines, soulevait le sentiment national, et poussait M. Papineau sur la pente de la violence. Ce n’étaient plus des lambeaux de concessions qu’il fallait au peuple ; car il réclamait à grands cris l’adoption des quatre-vingt-douze résolutions préparées par M. Papineau lui-même et rédigées par M. Morin.

La Chambre d’assemblée, malgré trois dissolutions dans l’espace d’une année, avait persisté à refuser les subsides au gouvernement, tant qu’elle n’aurait pas obtenu le redressement des griefs contenus dans les quatre-vingt-douze résolutions.

Lord John Russell avait cru trancher la difficulté en faisant autoriser par le parlement anglais lord Gosford à prendre de force dans le coffre public l’argent dont il avait besoin pour le service civil. Ce procédé arbitraire et humiliant pour la Chambre d’assemblée fit déborder la mesure ; le peuple partout s’assembla pour protester contre les procédés de lord Russell et approuver la conduite de la Chambre.

Il n’y a pas de doute que ces procédés étaient illégaux et inconstitutionnels, et le digne couronnement de la politique arbitraire et tyrannique dont les Canadiens étaient victimes depuis tant d’années. Ce fut l’opinion exprimée en Angleterre, au sein de la