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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/127

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les patriotes

retenir certains accès d’hilarité qui faillirent le compromettre. Deux nouvelles perquisitions furent faites, tout aussi inutilement que la première. Un mois s’écoula de cette façon.

« Mais on savait, disait-on, que M. Pacaud se cachait chez lui ; et, les autorités persistant à en avoir le cœur net, la position devenait dangereuse. M. Pacaud résolut de chercher refuge ailleurs.

« M. l’abbé Prince, depuis évêque de saint-Hyacinthe, lui avait offert un asile au collège. Il y court une bonne nuit, passe une journée à grelotter dans le clocher, et finit par s’installer dans la chambre réservée pour les visites pastorales de l’évêque, où il n’y avait ni feu ni lit. Le Dr Duvert, qui était l’écolier réglementaire, lui portait à manger quand il pouvait ; et, du moment que tout le monde dormait, il lui prêtait son lit pour quelques heures. Enfin un jeune séminariste lui fournit une soutane, un rabat, lui rase la barbe, lui ébauche une tonsure, et le voilà installé dans la communauté à titre de prêtre étranger. Les élèves s’écartaient respectueusement sur son passage, la main à leur casquette. Personne ne le reconnut ; pas même son jeune frère, qui faisait alors sa rhétorique dans l’établissement.

« Cependant, le fameux Comeau, ce délateur de profession, dont le gouvernement s’était assuré les honteux services, ne se reposait pas. Un soir, il arrive au collège avec ses argousins. M. Pacaud qui était aux aguets, saute par une fenêtre et rentre chez lui.

« Jugez de la stupéfaction de Mme Pacaud en reconnaissant son mari dans son nouveau costume !

« Mais il fallait fuir, fuir encore, fuir toujours. M. Pacaud se réfugia alors chez un pauvre homme de Saint-Hugues, dont la chaumière, ou plutôt la cabane, était à deux pas de la forêt, mais qui n’avait pas autre