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pendant que l’odieux Comeau s’éloigne en mâchant les jurons les plus énergiques de son répertoire.

« M. Pacaud dut errer ainsi, pendant plusieurs mois, d’un endroit à un autre, toujours sur le qui-vive et toujours poursuivi à outrance par les sbires du gouvernement. Ce n’est jamais sans émotion qu’il se rappelle surtout la généreuse et cordiale hospitalité qu’il reçut chez M. H.-L. de Martigny, seigneur de Saint-Hugues, et M. Aimé Massue, seigneur de Saint-Aimé.

« Enfin, au printemps de 1838, la proclamation de lord Gosford lui permit de l’entrer dans ses foyers.

« Mais il n’était pas au bout de ses tribulations. L’échauffourée de 1838 devait avoir pour lui des conséquences bien autrement désagréables.


II


« Ces longs mois de réclusion, autant que les leçons de l’expérience, avaient calmé considérablement, chez M. Pacaud, l’enthousiasme du jeune homme. Il n’avait pas moins d’amour pour son pays, sans doute ; mais il avait réfléchi à la folie de leur entreprise ; et quand, dans l’automne suivant, le Dr Robert Nelson se mit à la tête d’une nouvelle insurrection, il était bien déterminé à n’y prendre aucune part.

« Malheureusement pour lui, M. Élisée Malhiot, l’un des chefs du mouvement, vint à Saint-Hyacinthe pour communiquer avec les patriotes de l’endroit. Une assemblée secrète eut lieu, M. Pacaud eut la faiblesse de s’y rendre. Ils étaient espionnés : il n’en fallait pas plus pour lui faire perdre tous les bénéfices de l’amnistie. Il eut beau ne plus bouger de chez lui ; il était compromis, et son nom marqué d’une croix rouge.

« Comme on le sait, M. Pacaud n’était pas sorti de chez lui. Mais on ne lui tint aucun compte de cette