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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/140

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les patriotes

en sorte que vous pouvez toujours empirer mon sort, mais jamais l’améliorer. Envoyez vos soldats, sinon, il va vous arriver malheur. Et il faisait semblant, en disant cela, d’enfoncer son couteau dans le ventre de l’assistant-shérif. Comme celui-ci, un peu déconcerté, ne savait trop que faire, Viger lui dit d’une voix menaçante : « Ho ! vous n’avez pas de temps à perdre ; tenez, sentez-vous la pointe de mon couteau ? »

Le député-shérif convaincu que Viger était capable de faire ce qu’il disait, ordonna aux soldats de se retirer et s’en alla lui-même en disant à Viger qu’il aurait bientôt de ses nouvelles.

Mais le bruit s’étant répandu, le soir, que les troupes arrivaient et qu’une grande revue allait avoir lieu, on oublia la sentinelle et on laissa Viger tranquille.

Quelques jours après, arrivait lord Durham qui accordait une amnistie générale à tous ceux qui avaient pris part à l’insurrection, excepté à vingt-quatre d’entre eux, dont huit furent exilés sans procès aux Bermudes.

Bonaventure Viger fut l’un des huit. Lorsqu’on lui annonça qu’il allait partir pour les Bermudes, il dit que cela valait mieux que d’être pendu. Les gardiens de la prison auraient mieux aimé le voir monter sur l’échafaud, mais ils furent contents tout de même de s’en débarrasser.

Bonaventure Viger continua d’être en exil ce qu’il avait été en prison pour ses compagnons de malheur, un sujet de récréation au milieu de leurs ennuis.

L’exil de nos compatriotes ne fut pas aussi long qu’il menaçait d’être, car l’ordonnance qui les avait condamnés sans procès ayant été désavouée en Angleterre, ils furent mis en liberté à la fin d’octobre. Ils arrivèrent aux États-Unis, quelques jours après la défaite de Robert Nelson à Lacolle.

Bonaventure Viger, qui brûlait plus que jamais d’en-