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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/198

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les patriotes

jambes écorchés par les balles ; mais personne heureusement ne fut tué ni même sérieusement blessé. M. Ellice et ses amis, voyant que la résistance était inutile, mirent bas les armes et consentirent à se constituer prisonniers à la condition qu’aucun mal ne serait fait aux dames. Le Dr Brien dit que non seulement les dames n’avaient pas à craindre d’être maltraitées, mais que les personnes et les propriétés en général seraient respectées. Brown ayant alors demandé quel était le but de ce soulèvement, plusieurs voix lui répondirent : « Il y a assez longtemps que nous souffrons. Nous voulons avoir nos droits. » Les patriotes entrèrent dans le manoir, prirent possession des armes qu’ils purent trouver, allèrent chez plusieurs autres bureaucrates de Beauharnois, les firent prisonniers et les dirigèrent sur Châteauguay.

Pendant ce temps-là, une autre bande de patriotes, commandée par M. Prieur, allait prendre possession du vapeur Henry Brougham, amarré au quai de Beauharnois, et à la veille de sauter les rapides. Ils brisèrent la machine à vapeur de manière à l’empêcher de fonctionner, firent prisonniers le capitaine, le mécanicien et les passagers, qu’ils traitèrent bien, les dames surtout, et les placèrent au nombre de trente dans le presbytère de Beauharnois, obligeant le curé, M. Quintal, de les garder.

Tous ces prisonniers furent relâchés, quelques jours plus tard, après les malheureuses batailles de Lacolle et d’Odelltown.

Pendant que les patriotes s’agitaient à Beauharnois, ceux de Châteauguay en faisaient autant chez eux.

Châteauguay fut, en 1838, l’un des foyers les plus ardents de la rébellion. Il y avait là, comme à Beauharnois, des hommes à l’âme ardente, à l’esprit hardi, qui communiquaient à la population leurs sentiments