Aller au contenu

Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
224
les patriotes

fut conduit à Saint-Jean. La petite troupe qui l’escortait ayant pris le chemin de Saint-Édouard, on passa devant la maison de Narbonne. Le prisonnier demanda qu’on lui permît de s’arrêter, un instant, pour embrasser ses enfants et voir sa femme que l’inquiétude et les mauvais traitements, dont elle avait été victime pendant l’absence de son mari, avaient rendue très malade.

On lui refusa cette faveur.

Quelques jours après, Narbonne apprenait, dans la prison de Montréal, que la nouvelle de son arrestation avait achevé de tuer sa pauvre femme ; elle lui laissait trois enfants en bas âge, dénués de tout. On peut se faire une idée des sentiments de douleur et d’exaspération qu’il éprouva, des projets de vengeance qui envahirent son âme. Personne ne trouva plus que lui le temps long en prison, ne manifesta plus d’impatience. La pensée de l’état misérable de ses pauvres petits enfants le tourmentait sans cesse.

L’amnistie de Lord Durham l’ayant rendu à la liberté, dans le mois de juillet, il se hâta de retourner à sa maison. Il y rentra le cœur gros, car sa femme n’y était plus.

Les chefs patriotes le sachant capable de tout pour se venger de ce qu’il avait souffert, eurent soin de s’adresser à lui, lors du soulèvement de 1838. Le 6 novembre, il était à côté de Nelson et d’Hindelang à Napierville, et il recevait le grade de colonel. Il prouva, à Odelltown, qu’on avait eu raison de compter sur sa bravoure. Il essaya de traverser les lignes après la défaite, mais il fut arrêté, conduit à Napierville où il eut beaucoup à souffrir du froid, et traîné à la prison de Montréal au milieu des insultes, des crachats et des cris de mort d’une foule stupide.

Le 26 janvier, il subit son procès avec Daunais, Nicholas, Pierre Lavoie, Antoine Coupal dit Lareine, Théodore Béchard, François Camyré, François Bigo-