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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/36

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les patriotes

sait, les pierres tombaient, la situation devenait dangereuse.

« Mes amis, dit Nelson, descendons, nous serons moins en danger. » Ils descendirent ; les murs épais du rez-de-chaussée leur faisaient un rempart impénétrable derrière lequel ils purent se battre à l’aise. Nelson apercevant, vis-à-vis la maison de Mme Saint-Germain, des patriotes qui s’exposaient inutilement aux balles des soldats, envoya C.-O. Perrault, son aide-de-camp, leur dire de s’éloigner. Perrault partit aussitôt et reçut, en traversant le chemin, deux balles, dont l’une l’atteignit au talon et l’autre lui passa au travers des intestins. Nelson eut tort de choisir pour accomplir une mission aussi dangereuse, un homme de la valeur de Perrault.

À midi, les soldats anglais, jugeant à propos de se mettre à l’abri comme les patriotes, s’embusquaient derrière les clôtures, des piles de bois de corde et une grange.

Ainsi retranchés, à quelques pas de la maison de Mme Saint-Germain, ils continuèrent à tirer avec plus d’ardeur que jamais ; mais chaque fois qu’un habit rouge paraissait, il recevait une balle. L’habileté des patriotes et la précision de leur tir déconcertaient les soldats.

Parmi ceux dont les balles faisaient le plus de ravages, citons les patriotes Laflèche, Bourdages, Pagé, le capitaine Blanchard, Dupont, père du présent député de Bagot, et Allaire.

Le père Laflèche, un vieux chasseur, était dans la maison de Mme Saint-Germain ; quelques instants avant la bataille, il récita son chapelet ; lorsqu’il aperçut les troupes, il étendit le bras de leur côté et leur cria à tue-tête : « Hue-donc ! » En un clin-d’œil, une balle partait de son fusil et tuait l’un des deux éclaireurs envoyés en avant.