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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/37

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les patriotes

David Bourdages, fils du célèbre patriote, et membre de l’ancienne Chambre d’assemblée, avait à côté de lui deux jeunes gens qui chargeaient des fusils et les lui passaient ; il tirait, et presque chaque coup portait. Son sang-froid et sa bravoure étaient admirables. Après avoir tiré presque sans interruption pendant deux heures, vers midi, il alluma tranquillement sa pipe, et recommença à tirer en fumant.

M. Pagé est un riche marchand de Saint-Denis, connu de vingt lieues à la ronde. Lorsqu’il partit, le matin, pour le combat, sa femme eut l’idée de lui faire une cuirasse ; elle lui mit sur la poitrine une main de papier. M. Pagé doit à cette bonne idée l’avantage de vivre encore. Dans la mêlée, une balle laboura en passant de gauche à droite la main de papier qu’il avait sur la poitrine et s’arrêta à la quatorzième feuille.

Le capitaine Blanchard, ancien voltigeur de De Salaberry, faisait charger des fusils comme Bourdages, et tirait. Un autre voltigeur couché dans un sillon, à quelques pas des soldats, leur envoyait des balles meurtrières.

Le capitaine Roussford, un brave officier anglais, exprimait, un jour, dans un dîner public donné en son honneur par des citoyens de Saint-Hyacinthe, l’impression que l’habileté des patriotes avait faite sur lui à Saint-Denis.

Il était à la tête des soldats retranchés derrière la grange de Mme Saint-Germain.

Ayant vu tomber un officier, l’un de ses amis, il voulut courir à son secours ; mais, comme il lui fallait s’exposer, il eut la bonne pensée de faire une expérience : il mit sa casquette à la pointe de son épée, et la présenta un instant en dehors de la grange ; quand il la retira, elle avait déjà une demi-douzaine de trous de balles.

Le colonel Gore enrageait de se voir arrêté par des