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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/40

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les patriotes

A. Lusignan (grand-père de l’écrivain du même nom),
F. Mandeville, de Saint-Antoine ;
C.-O. Perrault, de Montréal.

Quatre avaient été blessés grièvement.

Du côté des Anglais, il y eut une trentaine de tués et autant de blessés, dont huit furent faits prisonniers. Ces malheureux étaient bien convaincus, après ce qui avait été dit, qu’ils allaient être massacrés sans pitié par leurs vainqueurs ; aussi, ils furent agréablement surpris de voir tout le monde, hommes et femmes, rivaliser à les entourer de soins. Ils furent transportés chez les demoiselles Darnicourt, et ces nobles filles, aidées de quelques amies, les traitèrent avec une délicatesse et un dévouement qui les émurent profondément.

Lorsque, huit jours après, les vaincus du 23 novembre revinrent à Saint-Denis pour venger leur défaite par le pillage et l’incendie, les demoiselles Darnicourt s’adressèrent au colonel Gore pour le prier d’épargner le village. Mais déjà les soldats et les volontaires avaient commencé à mettre partout le feu, s’acharnant spécialement aux maisons et constructions qui avaient été le théâtre de leur défaite. Cruelle et mesquine vengeance qui ajoutait l’odieux de la barbarie à l’humiliation de la défaite ! Cependant, ces sauvages eurent assez de cœur pour reconnaître un peu ce que les demoiselles Darnicourt avaient fait pour leurs blessés, en épargnant leur maison, celle de leur voisine, Mlle Chalifou, et une grange qui renfermait toute la récolte de la veuve de l’infortuné Saint-Germain.

C’est à peu près tout ce qui reste encore aujourd’hui du village de Saint-Denis tel qu’il était en 1837 ; la vieille grange autour de laquelle on s’est battu, est là encore pour attester, par les déchirures et les trous que les balles lui ont faits, ce qui s’est passé.