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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/102

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JUILLET 1762

valière nos jeunes tragiques. Celui-ci, qui sent combien il a besoin de l’indulgence du public, s’il court la même carrière, désavoue authentiquement ce pamphlet dans le Mercure. Il faut lui donner acte de sa modestie. Dans cette protestation il s’exprime de la façon la plus honnête et la plus sincère.

25. — M. Lacombe, d’Avignon, nous annonce l’Abeille du Parnasse Anglais. Ce sera une traduction des plus belles odes et des morceaux les plus sublimes des auteurs de cette nation. À en juger par son essai[1], cela ne sera pas mieux choisi que le recueil de l’abbé Yart[2], et n’aura rien de piquant.

27. — Il court une Épître à M. Gresset[3] de trois cents vers et au-delà. Elle annonce du talent, de la facilité. L’auteur est plus abondant, plus énergique, qu’agréable et correct. Il n’est pas encore connu, C’est M. de Sélis.

30. — Il y a une fermentation considérable dans la troupe des Comédiens Français à l’occasion du châtiment que vient d’éprouver le curé de Saint-Jean-de-Latran. Ils ne peuvent supporter d’être ainsi frappés des foudres de l’Église. Mademoiselle Clairon, l’héroïne de ce théâtre parle sur cette matière avec une éloquence majestueuse ; si ses camarades suivaient son avis, ils demanderaient tous leur retraite. On se flatte qu’ils n’en viendront pas à cette voie extrême, la cour et la ville y perdraient trop.

  1. Il consistait dans la traduction en prose de deux Odes, l’une de Pope l’autre de Dryden. On la trouve dans le Mercure de France, juillet 1762, second volume. L’entreprise de Lacombe n’a pas été poussée plus loin. — R.
  2. Idée de la poésie anglaise, ou traduction des meilleurs poètes anglais ; 1749, 8 vol. in-12. — R.
  3. La Haye (Paris), 1762, in-12. — R.