Aller au contenu

Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la comédie d’aujourd’hui ; c’est le comble du ridicule. Il est inconcevable que des comédiens, qui s’érigent en juges des pièces, aient assez peu de goût pour hésiter même à renvoyer une aussi détestable drogue. Que dira-t-on, quand on saura que ce tripot appelle du jugement du public, et persiste à regarder cette farce comme pleine de sel et d’un excellent comique ! Quelle honte pour les auteurs dramatiques, d’être jugés par un aussi ridicule aréopage !

10. — Les plaisans s’exercent sur le compte des ci-devant soi-disant Jésuites. Entre les mauvaises choses qui courent sur eux, on distingue le distique suivant :

Que fragile est ton sort, société perverse !
Un boiteux[1] t’a fondée, un bossu[2] le renverse[3] !

11. — Les États-Généraux ont aussi défendu chez eux l’introduction d’Émile[4]. Si Rousseau a voulu faire parler de lui et se singulariser, il a pris une excellente route. Du reste, son livre est qualifié de toutes les épithètes malsonnantes qu’il pouvait désirer.

12. — On ne peut s’empêcher de consigner ici un bon, ou plutôt un grand mot de M. le Dauphin. On lui faisait la lecture, pendant qu’il était dans le bain, de la Gazette de Hollande, où était annoncée la proscription du livre

  1. Saint Ignace.
  2. L’abbé de Chauvelin.
  3. Cette épigramme se lit ainsi dans la Correspondance littéraire de Grimm, 15 août 1762 :

    Veux-tu savoir le sort de la secte perverse ?
    Un boiteux rétablit, un bossu la renverse. — R.

  4. La reine de Hongrie venait de faire la même défense pour ses États. — R.