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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/112

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AOUT 1762

Valenciennes, auquel il doit une pension sur une abbaye qu’il a, ne pouvant arracher rien de ce gros bénéficier, est venu en personne exiger son dû. Ayant demandé où demeurait cet abbé, il s’est fait une méprise, et au lieu de lui donner l’adresse de l’abbé de Boismont, on l’a envoyé chez l’abbé de Voisenon, à Belleville. N’ayant pas trouvé ce dernier, M. le doyen a laissé un billet qui expliquait la cause de sa venue : sur quoi l’abbé de Voisenon a répondu par la lettre suivante, qui court aujourd’hui tout Paris.

« Je suis fâché que vous ne m’ayez pas trouvé, Monsieur : vous auriez vu la différence qu’il y a entre M. l’abbé de Boismont et moi. Il est jeune, et je suis vieux ; il est fort et robuste, et je suis faible et valétudinaire ; il prêche, et j’ai besoin d’être prêché ; il a une grosse et riche abbaye, et j’en ai une très-mince ; il s’est trouvé de l’Académie sans savoir pourquoi, et l’on me demande pourquoi je n’en suis pas ; il vous doit une pension enfin, et je n’ai que le désir d’être votre débiteur. Je suis, etc. »

— On ne peut voir de plus mauvaise tragédie que l’Ajax qu’on a joué aujourd’hui ; il ne mérite point la moindre analyse. La plus pitoyable intrigue, des caractères faux et bas, un Ajax infâme, pas le moindre intérêt, des vers d’un ridicule à faire éclater de rire, voilà ce que c’est que ce drame. Les acteurs ont fort mal joué, entre autres Le Kain faisant le héros de la pièce, et beu-

    « on entend, dit Collé, par Livie, la duchesse de La Vallière, qui a fait entrer à l’Académie M. de Bissy, son amant. Julie est madame de Chaulnes, et le petit collet l’abbé de Boismont, que l’on dit être son souteneur, car elle n’eut jamais d’amants. » Journal historique, t. II, p. 84 et 85. — Nous n’aurons pas besoin sans doute de rappeler au lecteur le genre de mérite qui distingue les ânes du Mirebalais. — R.