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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/127

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MÉMOIRES SECRETS

Ier novembre. — On ne saurait trop consigner à la postérité les noms de deux femmes illustres qui honorent les lettres de leur protection : mesdames les duchesses de Choiseul et de Grammont méritent une place distinguée dans le rang de ces virtuoses.

M. l’abbé Barthélémy, de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, garde du cabinet des médailles du roi, ayant été depuis peu favorisé d’un logement particulier, ces deux dames l’ont gratifié d’une galanterie peu commune. Elles ont, pendant qu’il était absent, trouvé le secret d’avoir la clef d’un Muséum qu’il avait arrangé philosophiquement ; elles l’ont décoré à son insu de la façon la plus galante et la plus voluptueuse : elles l’ont enrichi de plusieurs ouvrages de leurs mains, et au retour de l’abbé, la clef s’étant retrouvée, il a été transporté dans un boudoir de fée. Tout Paris parle de cet enchantement.

2. — Nous apprenons comme un fait constant que les héros du conte de Marmontel, dont on a fait deux pièces différentes, intitulées Annette et Lubin, existent réellement à Bezons, dont M. de Saint-Florentin est seigneur : que c’est lui qui est désigné dans le rôle de bonté et de bienfaisance qu’on lui fait jouer ; que le bailli est le curé du lieu, homme dur et sans entrailles. Ce ministre se propose de faire voir un jour à la Comédie Italienne ces deux modèles de l’innocence pastorale. Au reste, ils ont bien dégénéré de leur figure de vierge.

3. — Il paraît des Lettres sur l’éducation, par M. Pesselier, 2 volumes in-12. Quelque peu praticable, quelque hétéroclite que soit le traité de Rousseau sur la même matière, il est manié si supérieurement qu’il doit alarmer quiconque courrait la même carrière. Celui de M. Pesselier