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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/138

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DÉCEMBRE 1762

mort de l’un de leurs nourrissons et de leurs protecteurs en même temps. C’est M. de La Pouplinière. Son nom, à jamais fameux dans les fastes littéraires, va sans doute s’accroître par l’impression de ses ouvrages, qui sont en grand nombre. On ne doit jamais oublier sa munificence envers les artistes. Un orchestre entier se trouve dispersé par la perte de cet Apollon.

11. — M. le chevalier de La Morlière est sorti de Saint-Lazare, et se montre avec un front d’airain.

12. — M. l’abbé de Voisenon parle beaucoup d’une tragédie faite par le fils d’un tailleur. C’est un nommé Prieur, jeune homme de dix-neuf ans. Le sujet est la Mort des deux Witt, l’un grand pensionnaire de Hollande, et l’autre bourgmestre de la ville de Dordrecht. Cet abbé prétend que l’ouvrage annonce un talent décidé et déjà porté à un grand point de perfection. Au reste, l’auteur est déjà plus grande innocence. M. l’abbé de Voisenon lui ayant paru inquiet sur le titre qu’il donnerait à cette tragédie, l’autre n’a point hésité à la mettre sous son vrai nom ; l’abbé a cherché à lui en faire sentir le ridicule, lui a témoigné que ces demoiselles ne joueraient jamais sa pièce sous, une pareille dénomination, qu’elles étaient trop pudiques, trop susceptibles, et que d’ailleurs le public rirait… Il n’a point senti cette plaisanterie.

13. — Il paraît un Mémoire de M. Loyseau, en faveur des Calas. Ce jeune écrivain veut aussi se mettre sur les rangs. Il est le quatrième. M. Mariette, avocat au Conseil, en a fait un, plus dans le genre de son état. Celui de M. de Beaumont est bien écrit, tendre, pathétique : c’est à la sollicitation de M. de Voltaire qu’il s’en est