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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/154

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JANVIER 1763

— Les propositions de l’impératrice de Russie à M. d’Alembert sont des plus favorables ; elles sont uniquement à la charge d’assister sans titre à l’éducation du prince, son fils, pendant le temps de six ans. Sa Majesté impériale lui offre un traitement semblable en tout à celui des ambassadeurs, avec toutes leurs franchises et tous leurs privilèges, un hôtel magnifique, et l’état de cent mille livres de rentes, dont les fonds, au bout de six ans, lui devront être assurés à perpétuité en terres, maisons ou autres effets à sa volonté, qu’on achèterait en France.

Ier Février. — Il court une Lettre sur la Paix, à M. le comte de ***, attribuée à M. Thomas[1]. On ne croirait pas qu’un secrétaire intime d’un ministre des affaires étrangères pût écrire de cette façon. C’est un amas de phrases en persiflage ; en un mot, un véritable ouvrage de cour, où l’amertume et le fiel sont cachés sous des expressions dures.

2. — On doit se rappeler qu’il y a quelques années M. de Voltaire ayant appris l’extrême indigence où était réduite la petite nièce du grand Corneille, touché de son état, fit offrir à son père d’en prendre soin, et de la retirer chez lui à sa terre près Genève : ce qui fut accepté avec beaucoup de reconnaissance. Tous les journaux s’empressèrent alors à publier cette généreuse action. Mademoiselle Corneille a vécu depuis ce temps au château de Ferney, où M. de Voltaire et madame Denis se sont occupés à lui procurer une éducation et des con-

  1. Cette lettre est de l’avocat Moreau qui l’a reproduite en 1785 dans le second volume de ses Variétés morales et philosophiques. Elle a été mal à propos comprise dans les Œuvres de Thomas données en 1819 par Belin, et 1825 par Verdière. — R.