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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/156

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FÉVRIER 1763

part. C’était autrefois une fille fort répandue dans ces sortes d’aventures, et qui lui a suggéré toutes les descriptions agréables dont elle a l’imagination encore remplie.

8. — On parle aussi des Contes moraux de mademoiselle Uncy. Cette héroïne est remarquable, et il faut en faire l’histoire en deux mots. Elle a été élevée dès sa plus tendre jeunesse par les soins de M. de Meyzieux, neveu de M. Duverney. Ce galant homme avait coutume d’éduquer ainsi de jeunes personnes pour ses plaisirs. Celle-ci ne connaissait point d’autres parens. L’heure étant venue, M. de Meyzieux lui témoigna ses intentions. Elle résista, et le combat fut si vif et si opiniâtre, que son protecteur la renvoya, l’expulsa ; et la demoiselle a depuis intenté un procès à son bienfaiteur pour avoir une légitime, une pension au moins ; elle a perdu.

11. — L’abbé de Caveirac, si recherché depuis quelque temps pour quelques ouvrages en faveur des Jésuites qu’on lui attribue en tout ou en partie, et surtout pour Mes Doutes[1], est passé en Pologne, où, à la sollicitation de M. le Dauphin, il a obtenu un bénéfice. Il passe pour un saint dans un certain monde. Il est bon de remarquer que ce même homme, si vendu aux Jésuites aujourd’hui, a fait autrefois un livre diabolique contre le père Girard. Il est vrai qu’il y fut forcé : son intention a toujours été de capter la bienveillance de la Société. Il alla dans ce temps trouver les Jésuites de Provence : « Mes Pères, leur dit-il, voilà une fâcheuse affaire. Vous ne manquez point de gens d’esprit pour vous défendre, mais toute apologie sortant de chez vous sera suspecte ; elle sera bien mieux placée dans la bouche d’un étranger : je vous offre ma plume. Je suis dévoué à la

  1. V. 14 août 1762. — R.