chanté, ainsi qu’un petit enfant de sept ans, qui a plu beaucoup au roi, et Sa Majesté a redemandé cet opéra pour jeudi en faveur de ce dernier.
14. — Il passe pour constant que quatre auteurs ont mis la main à la tragédie de Manco, On les nomme tous. Il n’est plus étonnant qu’il y ait quatre intérêts, chacun y a mis le sien.
15. — Manco a été joué à la cour aujourd’hui avec des changemens, entre autres une suppression de quatre à cinq cents vers. Comme cette pièce contient des choses très-fortes contre la royauté, l’auteur a cru devoir adoucir cela par le quatrain suivant adressé au roi :
Digne par ses vertus d’une gloire immortelle :
Pouvaîs-je faire autrement ?
J’avais mon maître pour modèle !
Le rôle de Manco a plu beaucoup au roi.
17. — L’ouvrage de M. Roussel est arrêté d’avant-hier. Les courtisans, qui savent empoisonner tout, ont fait valoir son ouvrage pour aduler le roi et justifier les impôts énormes dont le peuple est chargé. « Voilà, Sire, ont-ils dit, un tableau par lequel la nation, de son propre aveu, de son consentement libre, offre à Votre Majesté sept cents et tant de millions. Votre Majesté n’en perçoit actuellement que trois cents ? De combien donc s’en faut-il encore que ce peuple qui crie si fort ne paie à Votre Majesté tout ce qu’il pourrait faire ? » Ce sophisme a paru victorieux ; en sorte que le parlement a cru devoir soustraire un ouvrage dont on tire des conséquences si effrayantes : on a parlé même de mettre l’auteur à la Bastille.