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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/211

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MÉMOIRES SECRETS

du Pot, s’ils me cherchaient querelle, il faudrait qu’ils me citassent devant les Frères de la Charité : ils ont paru satisfaits, et cela me donne l’espérance de ne pas choquer Messieurs. Cependant, malgré la conviction ou je suis que je démontrerai avec la dernière évidence que le réquisitoire est digne de toute censure, je viens d’avoir une idée qui me désole ; et si vous pensez comme moi, je suis au désespoir. N’imaginez-vous pas que M. Omer de Fleury, ainsi que le parlement, ont dit : « Il faut bien essayer à quoi la Faculté de théologie peut être bonne : nous la faisons déjà taire en théologie ; voyons si l’on peut l’écouter en physique ; et, si elle radote sur l’inoculation ainsi que sur les sacremens, nous lui défendrons d’ouvrir à jamais la bouche que pour la consécration, ce qui ne tire point à conséquence. » S’ils ont pensé cela, je me pendrais d’en avoir suspendu l’effet par mes raisonnemens. Bonjour, M. le comte.

21. — Lettre de M. le comte de Lauraguais à M. le comte de Noailles.
8 juillet 1763.

J’eus le bonheur, comme vous savez, Monsieur, de vous rencontrer hier : vous alliez monter dans votre carrosse. Je crus être caché dans la foule des pauvres qui l’entouraient : mais vos yeux me distinguèrent, parce que votre main aime à soulager leur misère. Vous me reconnûtes après trois ans ; vous vîtes la joie se répandre sur mon visage ; vous la fîtes passer dans mon cœur en m’embrassant. Vous joignîtes à vos bontés pour moi des reproches obligeans ; et si vous vous moquâtes de moi en me disant que vous saviez que je ne venais point chez vous parce que j’étais sûr que vous viendriez chez moi si je le voulais, je n’ai pu m’en fâcher ; je restai dans la