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JUILLET 1763

confusion. Elle eût été bien plus grande, si j’avais deviné que je pusse être aujourd’hui dans le cas de recourir à vous.

Voilà mon histoire, et vous l’apprendrez à peu près par les trois copies de lettres que j’ai l’honneur de vous envoyer. Lisez d’abord celle à M. de Saint-Florentin, ensuite celle à M. de Bissy ; enfin la seconde que j’ai écrite encore à M. de Saint-Florentin[1]. Vous verrez les motifs et les raisons qui m’ont déterminé à la démarche que j’ai faite. Souffrez, puisque j’eus l’honneur de vous voir hier, et que le pécheur toucha l’habit du juste, qu’il vous parle morale. Nos fautes excitent votre charité chrétienne, et dans le monde pervers les fureurs humaines. À peine ma lettre au comte de Bissy a-t-elle été écrite, qu’on m’en parla. Enfin j’apprends hier qu’on crie au blasphème : je craignis d’avoir offensé quelqu’un, puisque je voyais qu’on parlait de venger Dieu. Je relus ma lettre ; j’y cherchais au moins quelques indiscrétions. Faites-moi donc découvrir mes fautes, M. le comte, car je n’y ai rien trouvé de blâmable. Vouloir que mon Mémoire fît du bien, au lieu d’éclat, vous paraît sûrement honnête. C’est ce sentiment qui vous faisait dérober à l’armée tous les momens que vous ne deviez pas à son exemple, pour donner au roi les plus secrets avis du plus fidèle de ses sujets. Mes raisons pour appeler le Fleury au réquisitoire, Omer de Fleury sont excellentes. Me punirait-on pour n’avoir pas dit la meilleure de toutes : c’est que c’est son nom ? Le monde est donc bien juste, puisqu’il est si sévère ? Dire à l’Académie qu’on écrit comme une garde-malade ne peut offenser que les

  1. La lettre à M. de Saint-Florentin est rapportée plus haut à la date du 18 juillet 1763 ; celle à M. de Bissy, le 20 juillet. La seconde lettre à M. de Saint-Florentin manque. Oh en vverra une troisième au 10 août 1763. — R.