Aller au contenu

Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
MÉMOIRES SECRETS

Dupuis et le Père Guilloré. Leur réponse fut qu’il fallait laisser agir la Providence, et qu’il n’était point obligé à révélation. Peu satisfait de cette décision, il consulta séparément le prieur de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés et celui des Blancs-Manteaux ; ils furent du sentiment contraire. En conséquence, il fit parvenir à M. Le Tellier, alors chancelier, un mémoire détaillé, contenant tout ce qu’il savait de la conspiration prétendue. Il pria le chancelier de ne pas lui faire de réponse directement, pour ne point l’exposer à la vengeance secrète des auteurs du complot ; mais pour sa tranquillité, et pour certitude que sa lettre et ses instructions avaient été remises, il pria le chancelier de faire mettre une lettre rouge initiale à la Gazette de France le 31 décembre 1683. Ce qui a été exécuté. Cette lettre majuscule G est grise dans toutes les autres Gazettes[1].

Cette année le cabinet des parfums fut détruit. Le détail portait que c’était là, et par le moyen des odeurs, qu’on devait faire périr Louis XIV.

On motive cette conspiration par ce qui s’était passé en 1680. Le clergé venait de publier les quatre fameux articles auxquels le roi avait donné toute l’authenticité en les faisant enregistrer dans toutes ses cours, et obligeant tous les professeurs de théologie de les enseigner. Cet acte de vigueur brouilla la cour de France avec le régime, et la paix ne fut faite que par la révocation de l’édit de Nantes, que madame de Maintenon, à la sollicitation des Jésuites, obtint de la faiblesse de Louis XIV.

Quoi qu’il en soit, en 1704 l’abbé Blache fut arrêté en vertu d’une lettre de cachet, et mis à la Bastille, où

  1. Nous avons vérifié et reconnu l’exactitude de ce renseignement. — R.