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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/218

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AOÛT 1763

mal ordonné, pèche dans tous les points. Le héros de la pièce est un homme infatué de lui-même, qui s’imagine que toutes les femmes raffolent de lui. À ce ridicule il joint celui de faire de mauvais vers qu’il croit excellens ; il a un rival, auteur aussi, mais modeste, quoiqu’il soit l’amant préféré : le présomptueux ne s’en doute pas, il pousse toujours sa pointe jusqu’à vouloir berner le pauvre diable, et il se trouve dupe lui-même. L’intrigue aurait pu être filée beaucoup plus adroitement, être plus pleine : le style manque de cette fraîcheur, de ce velouté, qui font le succès de la comédie moderne.

3. — Extrait d’un sermon prêché à Sainte-Marguerite le mercredi 20 juillet, par M. l’abbé Labbat, prêtre habitué de Saint-Eustache.

Nerao vos decipiat per philosophiam et inanem fallaciam.
(Paul. ad Colos. II 8.)

…Dans les règnes précédens les princes marquaient leur religion en protégeant les ministres de l’Église… Les magistrats persécutent l’innocent et oppriment la religion… Les esprits se soutiennent par une modération forcée et une politique momentanée… Tôt ou tard la révolution éclatera dans un royaume où le sceptre et l’encensoir s’entre-choquent sans cesse… La crise est violente et la révolution ne peut être que trop prochaine…

Le prêtre, auteur du sermon, a été décrété de prise de corps par le Châtelet.

4. — On attribue à M. de Voltaire la fable suivante sur l’expulsion des Jésuites.


Les renards et les loups furent long-temps en guerre ;
Les moutons respiraient. Des bergers diligens
Ont chassé, par arrêt, les renards de nos champs ;