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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/236

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SEPTEMBRE 1763

primé le rôle de Constance, plus théâtral, et qui aurait pu faire un plus grand effet.

M. le chevalier de La Morlière publie qu’il avait déjà traité le même sujet : le public doit être fâché de ne pas voir du tragique de sa façon.

27. — M. de Bullionde, capitaine de carabiniers, chevalier de Saint-Louis, est mort depuis quelque temps ; il n’avait que vingt-deux ans. Son essai dans la littérature, la Pétrissée[1], quoique des plus médiocres, mérite qu’on jette quelques fleurs sur son tombeau.

30. — Il est beaucoup question de l’édition de Tacite, à laquelle on travaille sous les auspices de l’abbé Brotier, ci-devant Jésuite. Ce savant, très-estimé en cette partie, a restitué les passages tronqués de l’historien latin[2]. On assure que c’est de la plus grande beauté et dans le vrai goût de l’original ; les Anglais surtout en font grand cas, et attendent avec impatience cette rare production. Cet abbé Brotier est regardé comme ayant travaillé, en tout ou en grande partie, à l’Appel à la Raison.

I Octobre. — Garrick, ce fameux : acteur et directeur d’un des théâtres de Londres, est à Paris depuis quelque temps. Il est venu à nos spectacles, il a fait connaissance avec nos acteurs, sur lesquels il ne s’explique que vaguement et avec des louanges qui indiquent des restrictions. On prétend que mademoiselle Clairon avait pris des leçons de lui pour la pièce de M. Saurin, auquel cas elle n’a point fait honneur à son maître. Cette

  1. La Pétrissée, ou le Voyage de sîre Pierre en Dunois, badinage en vers, où l’on trouve entre autres la Conclusion de Julie, ou la Nouvelle Héloïse ; La Haye et Paris, 1763, in-12. — R.
  2. Le travail fort estimé de Brotier sur Tacite a été publié en 1771, 4 vol. in-4o. Il n’a point restitué, ce qui malheureusement n’était pas possible, mais suppléé les passages perdus. — R.